Le Zébu et le Bara

Ce duo existe depuis la nuit de temps. Le troupeau de zébus dans la région Sud exclusivement chez les Bara a toujours fasciné les visiteurs. Ils les possèdent en grand nombres et ce sont  leurs biens le plus précieux. Ces zébus sont également incontournables dans leur culture.
© Velomandimby Touzet
D’abord, le bœuf est la première source de richesse pour tous les Bara. Le nombre de tête de bœuf dans le parc «  vala » détermine la classe sociale d’une personne. Selon certain informateur lors d’une étude menée par le père Luigi ELLI, n’avoir que 40 têtes est considéré comme pauvre et qu’entre éleveur et cultivateur, le premier est le plus intelligent car lors du changement climatique (la sécheresse), il pourra se nourrir en échangeant un bœuf contre un sac de riz ou de manioc. De ce fait, le Bara juge l’élevage en tant que métier le plus noble. Toutefois, quand la récolte est bonne, la majorité des Bara en vend une grande partie pour acheter de bœuf et augmenter  ses bétails. A savoir qu’accroître le nombre de leur troupeau a toujours été leur objectif. Effectivement, les Bara sont plus ou moins végétariens puisqu’ils ne tuent et mangent leurs bétails que pour accomplir leurs us et coutumes.
       Marché de Zébu à Ihosy, région Ihorombe avec des acheteurs et des vendeurs
              © Diariniaina Emma Touzetta

 Ensuite, les Bara sont des peuples possédant diverses mœurs intéressantes, la destination du bœuf y comprise. Pour eux, le bœuf peut célébrer la vie et la mort, il joue un rôle fondamental depuis la naissance jusqu’à la mort, voire après la mort. Déjà qu’au sixième mois de la grossesse, un rite est réalisé en sacrifiant un bœuf, il s’agit du soro-troky (un sacrifice pour le ventre), et à la naissance, pour légaliser son droit de paternité, le père immole un bœuf pour son enfant. Après viennent  les traditions comme la circoncision (le famorana et le savatsy), le pacte de sang (le fati-drà), le Bilo (lors d’une maladie), le mariage (le ala-fady,le fiboaha,le fafy,…) et même les rites funéraires dont le but est de rendre la funéraille inoubliable  grâce au nombre de bœuf tué pour honnorer le macchabée, et aussi le Havoria (le fait de mettre les ossements dans le tombeau ancestral), sans oublier les offrandes pour demander santés, fortunes et bénédictions aux ancêtres. C’est la raison pour laquelle les Bara considèrent le zébu comme un pont qui lie les morts et les vivants.
Un bœuf immolé lors d’une cérémonie d’inauguration d’une maison
 d’une famille Bara à Andraisoro Antananarivo
© Diariniaina Emma Touzetta
Pour terminer, j’aimerai vous faire part de la dernière volonté de Rebozaky à ses enfants, un vieux chef de tribu : «  vous voyez dans le troupeau le taureau remetso, à la robe complètement noire : quand je serai dans la tombe, je veux que ma tête repose entre ses cornes : tuez-le, enlevez-lui l’os frontal garni de ses cornes, afin que cela me serve d’oreiller. Si vous faites ce que je vous dis, je vous bénirai : vous aurez une longue vie, vos femmes auront des enfants nombreux, vos vaches vêleront, le troupeau augmentera, vous aurez cent, vous aurez mille bœufs, vous serez célèbres dans toute la région. »
Deux zébus Remetso dans le vala d’Amparihy, un village Bara

    © Diariniaina Emma Touzetta

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Le Hazomanga ou Le pilier du culte

Le Bilo

SAVATSY